Chaque année, les ménages français jettent environ 20 millions de tonnes de déchets de cuisine et de jardin. Ces déchets organiques, pourtant riches en nutriments, contribuent à l'engorgement des décharges et à l'émission de méthane, un puissant gaz à effet de serre. Heureusement, il existe une solution simple et efficace pour réduire cet impact environnemental : le compostage domestique. Ce processus transforme vos déchets organiques en un engrais naturel précieux, l'« or vert », pour un jardin florissant et une planète plus verte.
Ce guide complet vous apprendra tout ce que vous devez savoir sur le compostage domestique, des bases du processus aux techniques avancées, pour que vous puissiez transformer vos déchets en un atout pour votre jardin.
Les bases du compostage : comprendre le processus
Le compostage est un processus naturel de décomposition aérobie (en présence d'oxygène) de la matière organique. Des micro-organismes, principalement des bactéries et des champignons, décomposent les déchets en un humus riche en nutriments. Ce processus, similaire à celui qui se produit naturellement dans les forêts, est accéléré dans un composteur grâce à des conditions contrôlées.
La décomposition : un processus naturel et complexe
La décomposition est un processus biologique complexe impliquant plusieurs étapes. Les micro-organismes décomposent d'abord les matières organiques en molécules plus simples. Ensuite, d'autres organismes transforment ces molécules en humus, un matériau stable et riche en nutriments. Ce processus est exothermique, ce qui signifie qu'il produit de la chaleur. Une température de compost comprise entre 50°C et 60°C est un signe d'une décomposition active et efficace.
Le cycle du carbone et de l'azote : L'Équilibre parfait
Deux éléments sont essentiels au compostage : le carbone et l'azote. Les matières brunes (papiers, feuilles mortes, copeaux de bois) apportent le carbone, tandis que les matières vertes (épluchures, tontes de gazon, marc de café) sont riches en azote. Un bon équilibre entre ces deux éléments est crucial. Un ratio de 2 parts de matière brune pour 1 part de matière verte est souvent recommandé pour une décomposition optimale. Un déséquilibre peut ralentir le processus ou générer des odeurs désagréables.
Les différents types de compostage : trouver la méthode idéale
Plusieurs méthodes de compostage permettent de s'adapter à différents besoins et espaces disponibles.
- Compostage en Tas : Méthode simple et économique nécessitant un espace extérieur suffisant. Le retournement régulier est essentiel pour assurer l'aération.
- Compostage en Bac : Plus pratique et esthétique, les bacs à compost permettent un meilleur contrôle de l'humidité et de l'aération, favorisant une décomposition plus rapide. Choisissez un bac en bois pour une meilleure aération ou un bac en plastique pour une meilleure durabilité. Des modèles avec des ouvertures de ventilation sont recommandés.
- Vermicompostage : Technique utilisant des vers de compost (Eisenia fetida) pour décomposer les déchets. Cette méthode produit un compost de très haute qualité, est idéale pour les petits espaces et génère peu d'odeurs. Nécessite un suivi régulier du taux d'humidité.
Choisir la méthode adaptée à vos besoins
Le choix de la méthode dépend de l'espace disponible (jardin, balcon, terrasse), du volume de déchets produits (nombre de personnes au foyer), du temps disponible pour l'entretien et des préférences personnelles. Le vermicompostage convient aux petits espaces, tandis que le compostage en tas est idéal pour un grand volume de déchets.
Les déchets admis et interdits : un tri sélectif impeccable
Un tri sélectif précis est primordial pour un compostage réussi. Il est essentiel de connaître les matières autorisées et celles à éviter.
Les "matières brunes" (riches en carbone) : la structure du compost
Ces matières fournissent la structure et l'énergie nécessaires à la décomposition. Exemples : feuilles mortes (environ 30 kg par an et par personne en France), branches broyées (pour une meilleure décomposition, les broyer au préalable), sciure de bois non traitée, coquilles d’œufs (apportent du calcium), papiers journaux non imprimés, marc de café.
Les "matières vertes" (riches en azote) : les nutriments essentiels
Ces matières apportent l’azote, essentiel à la croissance des plantes. Exemples : épluchures de fruits et légumes, tontes de pelouse (environ 40 kg/an/personne selon l'ADEME), restes de repas végétariens (sans produits laitiers ni viande), herbe coupée.
Les déchets interdits : À éviter absolument
Certains déchets sont à proscrire car ils peuvent attirer des nuisibles, dégager des mauvaises odeurs ou contaminer le compost. Voici une liste non exhaustive :
- Viande, poisson, produits laitiers : attirent les rongeurs et les insectes, et dégagent des odeurs nauséabondes.
- Matières grasses, huiles : ralentissent le processus de décomposition et peuvent attirer les nuisibles.
- Os, produits traités chimiquement (pesticides, herbicides) : peuvent contaminer le compost et le rendre impropre à l'utilisation.
- Déchets médicaux, couches, plastiques, verre : ne se décomposent pas.
Gestion des mauvaises herbes : prévenir la propagation
Évitez d'ajouter des mauvaises herbes contenant des graines au compost. Laissez-les sécher au soleil avant de les incorporer ou, mieux, placez-les dans un sac opaque pendant plusieurs mois pour assurer leur destruction complète avant de les incorporer au compost.
La pratique du compostage : conseils et astuces pour la réussite
Une fois le tri effectué, la mise en place et l'entretien régulier sont clés pour la réussite de votre compostage.
Préparation du compost : un mélange harmonieux
Commencez par une couche de matière brune au fond du composteur pour assurer une bonne aération. Alternez ensuite les couches de matière brune et verte, en veillant à mélanger les différentes matières. Un bon mélange est essentiel pour une décomposition homogène et rapide. Vous pouvez utiliser une fourche ou une bêche pour mélanger le compost au besoin.
L'entretien du compost : un suivi régulier pour un compost sain
Maintenez une humidité optimale, comparable à celle d'une éponge essorée. Arrosez si nécessaire, mais évitez un excès d'eau qui pourrait rendre le compost anaérobie (sans oxygène) et entraîner des odeurs désagréables. Retournez le compost régulièrement (toutes les 1-2 semaines), cela favorise l'aération, la distribution homogène de l'humidité et de la chaleur, et accélère le processus de décomposition. L'aération est capitale, car les micro-organismes ont besoin d'oxygène pour décomposer la matière organique.
Le rôle de la température : un indicateur précieux
La température du compost est un excellent indicateur de son activité. Une température comprise entre 50°C et 60°C indique un compostage actif. Un thermomètre à viande permet de surveiller la température. Une température inférieure peut indiquer un manque d’aération ou d’humidité, tandis qu'une température trop élevée peut signifier un excès d’humidité et un risque de fermentation anaérobie.
Identification des problèmes courants : solutions et remèdes
Des problèmes peuvent survenir : odeurs désagréables (mauvaise aération ou excès d’humidité), lenteur de décomposition (mauvais équilibre carbone/azote), présence de nuisibles (insectes, rongeurs). En ajoutant des matières brunes et en retournant régulièrement le compost, vous pourrez résoudre ces problèmes. Évitez d'ajouter des déchets inadaptés et assurez une aération optimale.
L'accélération du compostage : techniques avancées
Pour accélérer la décomposition, vous pouvez broyer les déchets avant de les ajouter au compost. Cela augmente leur surface de contact avec les micro-organismes. L'ajout d'activateurs naturels comme du purin d'ortie peut aussi stimuler l'activité microbienne. Le broyage réduit considérablement le temps de décomposition. Des accélérateurs de compostage sont aussi disponibles dans le commerce.
L'utilisation du compost : un engrais naturel performant
Une fois mature, votre compost est un engrais naturel riche en nutriments, idéal pour enrichir votre sol et favoriser une croissance saine de vos plantes.
Reconnaître un compost mature : les signaux indispensables
Un compost mature est sombre, homogène, friable et dégage une odeur terreuse agréable. Il ne doit plus contenir de gros morceaux non décomposés. La durée de maturation varie de 6 mois à 1 an selon la méthode utilisée et les conditions climatiques. Il est prêt lorsque la température se stabilise à celle de l'environnement ambiant.
Utilisations du compost : améliorer vos sols et vos cultures
Le compost améliore la structure du sol, sa fertilité et son drainage. Il peut être incorporé directement au sol avant la plantation ou utilisé comme paillis pour maintenir l'humidité et limiter les mauvaises herbes. Un apport de quelques centimètres de compost autour des plantes est généralement suffisant. Il nourrit les plantes et améliore leur résistance aux maladies.
Avantages du compost par rapport aux engrais chimiques : le choix écologique
Le compost est une alternative écologique et durable aux engrais chimiques. Il améliore la santé du sol à long terme, sans polluer l’environnement ni nuire à la santé humaine. Il contribue également à la biodiversité du sol, attirant des organismes bénéfiques pour vos plantes.
Intégration du compost dans votre jardin ou balcon : un geste écologique au quotidien
L'intégration du compost dépend de l'espace disponible. Dans un jardin, incorporez-le directement au sol ou utilisez-le comme paillis. Sur un balcon, mélangez-le à la terre de vos pots. Même une petite quantité de compost peut faire une différence significative sur la croissance de vos plantes. Il est un excellent fertilisant naturel et permet de réduire vos déchets considérablement.
Le compostage domestique est un geste simple, efficace et bénéfique pour l'environnement et votre jardin. C'est une solution écologique pour réduire vos déchets et obtenir un engrais naturel de haute qualité. Transformez vos déchets en une ressource précieuse pour un jardin plus riche et une planète plus saine. N’hésitez plus à vous lancer dans cette aventure enrichissante et contributive!